La vie a-t-elle un sens?
« La vie n’a pas à avoir un sens » dit un des interlocuteurs de Pierre Dansereau dans le film Quelques raisons d’espérer présenté à Télé-Québec cette semaine.
J’ai accroché à cette phrase simple. Construction simple, vocabulaire simple, signification simple, du moins à première vue. Car, en dépit de ses apparences de simplicité et de limpidité — ou précisément à cause d’elles — cette phrase est hautement subversive. En disant que la vie n’a pas à avoir, elle prend l’exact contre-pied de la position habituellement entendue et rabattue par tous les psy et les logues selon laquelle la vie doit faire sens et qu’il appartient à chacun de se mettre en quête du sens de la sienne.
Préciser que la vie n’a pas à avoir n’exclue d’aucune façon qu’elle puisse avoir un sens. Seulement, ce n’a pas fait ressortir que ce sens n’est en rien essentiel à la vie elle-même. La vie se passe bien de sens, la vie est. Point. La vie se suffit à elle-même.
On voit bien qu’à cause de cette fameuse négation, ce n’est pas la vie qui a besoin de sens mais l’homme qui a besoin de lui en accorder un. À moins de tomber dans l’anthropomorphisme, rien ne peut laisser croire que, chez quelle qu’autre forme de vie connue, il existe une autre finalité à la vie que la vie elle-même et sa perpétuation.
Depuis la nuit des âges, l’homme cherche à donner un sens, trouver une raison, une origine, une cause et une finalité à sa présence sur cette planète. Cette recherche est aussi bien collective (à tous les niveaux de la collectivité, de la famille jusqu’à l’humanité), qu’individuelle. Pour tenter de trouver des réponses à ce questionnement, l’homme a inventé les religions et les philosophies, les valeurs, les codes et les rites.
Pour l’humain, tout doit faire ou prendre sens. La phrase citée dit qu’il n’en va pas de même pour la vie. L’humain se hâte d’ailleurs de trouver un sens à tout ce qu’il observe ou découvre le plus vite possible. De cette habitude sont nées de grandes et belles choses comme les sciences, les philosophies et les religions. De cette habitude sont nés aussi de grandes hérésies comme, par exemple, celles qui prévalaient dans la chrétienté du Moyen-Âge parce qu’aucune autre explication que théologique et basée sur les évangiles canoniques n’avaient droit de citer. Cette situation a conduit au déni d’évidences et d’observations pénétrantes de même qu’à l’occultation de savantes recherches et de leurs conclusions. Mais l’époque médiévale est révolue depuis longtemps et les recherches sont maintenant encouragées et leurs résultats largement diffusés d’abord dans la communauté scientifique puis, par la suite, auprès du grand public (du moins en occident). Cette simple remarque suffit à démontrer que l’homme est encore aujourd’hui et peut-être plus que jamais, avide de sens.
La recherche scientifique n’est qu’une des approches possibles dans la recherche du sens. Le développement et la prolifération des sectes de tous ordres illustre bien la profonde quête individuelle de sens que l’on connaît aujourd’hui. Elle illustre également la confusion profonde et le vide ressenti par plusieurs personnes vivant dans un monde occidentalisé. La nouvelle popularité de certaines philosophies ou religions d’origine asiatique indique que le sens, et les valeurs, traditionnellement accordées à la vie en occident, ne coïncident plus avec celui que veulent lui reconnaître leurs nouveaux adeptes.
Depuis toujours, il y a eu évolution du sens chez l’humain. De l’aube de l’humanité où l’homme a commencé à peindre des scènes de chasse sur les murs des cavernes et à ensevelir ses morts, jusqu’aux complexes dogmes catholiques et musulmans (qui laissent tous deux place à plusieurs interprétations différentes), en passant par les sanglants rites initiatiques de Mithra, l’humain a toujours su adapter le sens qu’il accordait à la vie au lieu, au temps, à son contexte sociologique, socio-économique et à son degré d’évolution.
Aujourd’hui, nous vivons dans des sociétés multiethniques et multiculturelles. Ces deux caractéristiques font que l’humanité se retrouve dans une situation rare. En effet, rares sont les lieux et les époques où il n’y a pas eu unité de valeurs et de sens, de dogme et de croyance en dépit d’un brassage perpétuel de gens, charriant dans leurs bagages leurs idées, leurs valeurs et le sens de leur vie. Jusqu’à tout récemment, on était d’un pays catholique ou protestant ou musulman ou hindouiste ou bouddhiste ou animiste ou chamaniste. Chacune de ces provenances présupposait un système de valeurs et un sens de la vie que l’on était présumé partager. Mais à cause d’une immigration planétaire croissante et du métissage de plus en plus grand des ethnies et des cultures qu’elle sous-tend, cette unité et cette présomption sont de plus en plus remises en question. L’évolution, la démocratisation, de même que la multiplication des voyages et des moyens de communication facilite les rapports entre les gens et les emmène à s’intéresser les uns aux autres et à se mieux connaître.
Il est peu probable que des discussions sur le sens de la vie aient directement lieu entre individus. C’est là domaine de spécialiste et c’est bien ainsi. Mais certaines valeurs, certaines croyances, certains rites se diront indirectement dans des discussions, s’échangeront lors de rencontres, même fortuites, entre individus. De là découlera peut-être l’amorce d’un enrichissement du sens de la vie de chacun.
Mais quoi que nous fassions, quoi que nous pensions et quel que soit le sens que nous lui accorderons, la vie sera. L’homme aura toujours besoin de lui donner un sens. Mais la vie, elle, n’aura pas à avoir un sens.
J’ai accroché à cette phrase simple. Construction simple, vocabulaire simple, signification simple, du moins à première vue. Car, en dépit de ses apparences de simplicité et de limpidité — ou précisément à cause d’elles — cette phrase est hautement subversive. En disant que la vie n’a pas à avoir, elle prend l’exact contre-pied de la position habituellement entendue et rabattue par tous les psy et les logues selon laquelle la vie doit faire sens et qu’il appartient à chacun de se mettre en quête du sens de la sienne.
Préciser que la vie n’a pas à avoir n’exclue d’aucune façon qu’elle puisse avoir un sens. Seulement, ce n’a pas fait ressortir que ce sens n’est en rien essentiel à la vie elle-même. La vie se passe bien de sens, la vie est. Point. La vie se suffit à elle-même.
On voit bien qu’à cause de cette fameuse négation, ce n’est pas la vie qui a besoin de sens mais l’homme qui a besoin de lui en accorder un. À moins de tomber dans l’anthropomorphisme, rien ne peut laisser croire que, chez quelle qu’autre forme de vie connue, il existe une autre finalité à la vie que la vie elle-même et sa perpétuation.
Depuis la nuit des âges, l’homme cherche à donner un sens, trouver une raison, une origine, une cause et une finalité à sa présence sur cette planète. Cette recherche est aussi bien collective (à tous les niveaux de la collectivité, de la famille jusqu’à l’humanité), qu’individuelle. Pour tenter de trouver des réponses à ce questionnement, l’homme a inventé les religions et les philosophies, les valeurs, les codes et les rites.
Pour l’humain, tout doit faire ou prendre sens. La phrase citée dit qu’il n’en va pas de même pour la vie. L’humain se hâte d’ailleurs de trouver un sens à tout ce qu’il observe ou découvre le plus vite possible. De cette habitude sont nées de grandes et belles choses comme les sciences, les philosophies et les religions. De cette habitude sont nés aussi de grandes hérésies comme, par exemple, celles qui prévalaient dans la chrétienté du Moyen-Âge parce qu’aucune autre explication que théologique et basée sur les évangiles canoniques n’avaient droit de citer. Cette situation a conduit au déni d’évidences et d’observations pénétrantes de même qu’à l’occultation de savantes recherches et de leurs conclusions. Mais l’époque médiévale est révolue depuis longtemps et les recherches sont maintenant encouragées et leurs résultats largement diffusés d’abord dans la communauté scientifique puis, par la suite, auprès du grand public (du moins en occident). Cette simple remarque suffit à démontrer que l’homme est encore aujourd’hui et peut-être plus que jamais, avide de sens.
La recherche scientifique n’est qu’une des approches possibles dans la recherche du sens. Le développement et la prolifération des sectes de tous ordres illustre bien la profonde quête individuelle de sens que l’on connaît aujourd’hui. Elle illustre également la confusion profonde et le vide ressenti par plusieurs personnes vivant dans un monde occidentalisé. La nouvelle popularité de certaines philosophies ou religions d’origine asiatique indique que le sens, et les valeurs, traditionnellement accordées à la vie en occident, ne coïncident plus avec celui que veulent lui reconnaître leurs nouveaux adeptes.
Depuis toujours, il y a eu évolution du sens chez l’humain. De l’aube de l’humanité où l’homme a commencé à peindre des scènes de chasse sur les murs des cavernes et à ensevelir ses morts, jusqu’aux complexes dogmes catholiques et musulmans (qui laissent tous deux place à plusieurs interprétations différentes), en passant par les sanglants rites initiatiques de Mithra, l’humain a toujours su adapter le sens qu’il accordait à la vie au lieu, au temps, à son contexte sociologique, socio-économique et à son degré d’évolution.
Aujourd’hui, nous vivons dans des sociétés multiethniques et multiculturelles. Ces deux caractéristiques font que l’humanité se retrouve dans une situation rare. En effet, rares sont les lieux et les époques où il n’y a pas eu unité de valeurs et de sens, de dogme et de croyance en dépit d’un brassage perpétuel de gens, charriant dans leurs bagages leurs idées, leurs valeurs et le sens de leur vie. Jusqu’à tout récemment, on était d’un pays catholique ou protestant ou musulman ou hindouiste ou bouddhiste ou animiste ou chamaniste. Chacune de ces provenances présupposait un système de valeurs et un sens de la vie que l’on était présumé partager. Mais à cause d’une immigration planétaire croissante et du métissage de plus en plus grand des ethnies et des cultures qu’elle sous-tend, cette unité et cette présomption sont de plus en plus remises en question. L’évolution, la démocratisation, de même que la multiplication des voyages et des moyens de communication facilite les rapports entre les gens et les emmène à s’intéresser les uns aux autres et à se mieux connaître.
Il est peu probable que des discussions sur le sens de la vie aient directement lieu entre individus. C’est là domaine de spécialiste et c’est bien ainsi. Mais certaines valeurs, certaines croyances, certains rites se diront indirectement dans des discussions, s’échangeront lors de rencontres, même fortuites, entre individus. De là découlera peut-être l’amorce d’un enrichissement du sens de la vie de chacun.
Mais quoi que nous fassions, quoi que nous pensions et quel que soit le sens que nous lui accorderons, la vie sera. L’homme aura toujours besoin de lui donner un sens. Mais la vie, elle, n’aura pas à avoir un sens.
6 bavardages:
Je suis tombée sur ce message tout à fait par hasard, mais merci beaucoup il me sera très utile comme sujet de réflexion pour ma dissertation de philo. Les arguments "tiennent la route" , bravo.
la vie n'a pas à avoir un sens...
cela ne veut pas dire qu'elle n'en ait pas.
cela ne veut pas dire qu'elle en ait un.
comment supporter sa vie si on ne lui donne pas de sens?
cette citation ne sert à rien
Les sociétés contemporaines sont le reflet de la recherche de chaque individu qui, à force de chercher un sens à sa vie, finit par admettre qu'il y en a bien un. Comment en effet rechercher quelque chose qui - à notre conscience - n'existerait pas ? Cela rendrait cette action absurde. Or nous utilisons le sens de notre vie pour entreprendre des actions justifiées par ce sens. La vie aurait-elle donc un sens absurde ? Cette phrase est-elle même absurde.
L'homme, pour justifier l'existance de sa conscience, se construit un monde (une société) pour se donner la preuve concrète que sa vie a un sens. En effet, les actions qu'il entreprent ont des résultats qui existent à ses yeux, et puisqu'elles sont motivées par le sens de sa vie, ce sens existe donc et a un fondement concret en ce monde.
De là l'aspect si fragile que revêt parfois l'édifice de la société sur la vie, et de là cette question "comment supporter sa vie si on ne lui donne pas de sens?". Est-elle si lourde pour toi ?! Un sens l'allègerait-elle ? Ah ! Quelle lourde conscience, que l'homme compliqué cherche à justifier, jusqu'à en oublier de vivre... Non, sans blague, quelques générations après, et avec notre société de mondialisation (histoire de tous nous endoctriner de la même façon), et ce mot n'existera plus dans le dictionnaire tellement il nous fait peur !
- histoire de dire que la citation précédente me choque (même si son auteur n'en est pas convaincu au fond de lui, en effet la justification "ne sert à rien" dit tout)
Question sub-séquente:
Pour quelles raisons et depuis quand l'Homme a t'il besoin de donner un sens à son existence?
la vie a le sens qu'on lui donne.
je crois que pour celui dont la vie n'a pas de sens, la vie lui en donne un.
Il y a toujours élévation du niveau de conscience d'un individu, c'est lié à la loi de l'évolution.
Au même titre que la nature reprend ses droits et selon ce modèle se développe.
Qui a dit que les cons ne changent pas ? :)
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