30 décembre 2006

Exécution de Saddam Hussein

Saddam Hussein vient d’être pendu. La nouvelle est tombée un peu après 22h, heure de Québec.

Aurait-on dû pendre Saddam? Telle est la question que je me pose ce soir. Non pas que je le croie innocent. Dans un premier temps, ce serait plutôt l’idée de la peine de mort en elle-même qui me gênerait. Ensuite, c’est le sort réservé aux autres accusations.

Pour Saddam Hussein comme pour tout autre je me porte en faux contre la peine de mort. Je ne vois en rien l’utilité d’assassiner une personne, aussi sanguinaire puisse-t-elle avoir été, sauf peut-être pour satisfaire un sentiment de vengeance. Or, la vengeance n’est pas le fait de la justice. J’admet que cela peut être frustrant pour toutes les victimes mais la justices est là pour protéger la population contre les crimes qui peuvent être commis contre elle. Pour assurer cette protection, point n’est besoin de procéder à des exécutions, il suffit d’empêcher les individus dangereux d’agir. À cet effet une incarcération, est bien suffisante. À moins de vouloir une justice aussi sanguinaire et vengeresse que les crimes reprochés aux condamnés, la peine de mort n’a aucune raison d’exister.

Quant au sort réservé aux autres accusations, bien plus graves que celle pour laquelle il a été pendu, elles sont devenues caduques. Jamais il ne sera jugé pour les crimes qui lui sont imputés : celui contre les kurdes en 1987-1988 au cours de la campagne d'Anfal (182 000 personnes tuées et des populations entières déplacées de force). Celui contre les chiites du Sud de l’Irak après la Guerre du Golfe en 1991. Celui contre 8 000 membres de la tribu kurde Barzani en 1983. Celui contre les populations civiles de Halabja en 1988 (5000 Kurdes tués et 10 000 blessés par l’utilisation d’armes chimiques).

Je ne suis pas Irakien mais il me semble qu’il aurait été important que ces procès aient lieu avant l’exécution de la sentence. Ils auraient permis à toute une population de se rallier derrière un nouveau gouvernement, de se familiariser avec un nouveau système de justice et surtout de s’assurer de son équité. Pour l’heure, on peut encore croire que le procès de Saddam Hussein en a été un politique, téléguidé par les américains et que le verdict aussi bien que la sentence avaient été décidées en haut lieu avant même le début du procès. Les autres procès auraient permis de faire la lumière sur les principales exactions et les principaux crimes contre l’humanité attribués à Saddam Hussein effaçant, ou à tout le moins atténuant, tout soupçon de règlement de compte politique.

Il ne fallait pas exécuter Saddam Hussein maintenant. Il aurait été important de surseoir à l’exécution de la sentence jusqu’à la conclusion des autres procès. À part faire la lumière sur les nombreux drames et crimes qui lui sont attribués et permettre une catharsis à des populations entières, qu’aurait-on eu à perdre? Peut-être justement ces quelques mots : « qui lui sont attribués » pour les remplacer par « les crimes de ». De toute manière, coupable ou non des autres crimes qui lui sont reprochés, combien de fois aurait-on pu le pendre?