À quoi ça sert, la poésie, m’sieu ? À quoi ça sert, une rose, m’sieu ?
« À quoi ça sert, la poésie, m’sieu ?
— À quoi ça sert, une rose, m’sieu ? »
Ce bref dialogue a eu lieu il y a bien des années alors que je commençais mes études en littérature à l’université entre un étudiant et un professeur. Bien entendu, la réponse du professeur était une réponse byzantine, mais la question demeure; je devrais plutôt dire les questions demeurent.
Dans la description de ce blogue, je vous menaçais de vous faire subir des extraits de mes tentatives d’écriture. Eh bien, le temps est arrivé. Pour les plus peureux, il est encore temps de partir.
Pourquoi cet envoi est-il abordé par l’utilité de la poésie plutôt que seulement vous asséner mon texte? C’est à cause de mes récentes lectures et du commentaire de l’un ou l’une d’entre vous (Anonyme, c’est assez neutre) qui m’a recommandé la lecture d’un petit livre : La Cadillac blanche de Bernard Pivot de Alain Beaulieu. En fait l’anecdote, par laquelle j’ai commencé ce texte, m’est revenue en mémoire en lisant ce petit livre. L’auteur, met dans la bouche de Jean D’Ormesson un long discours sur l’utilité de la littérature. Il parle plus du roman que de la poésie; lorsqu’il est question de poésie, il passe la parole à Gaston Miron ou à Denis Vanier. Mais, comme l’étudiant de l’anecdote le faisait avec candeur, il pose la question de l’utilité de la littérature. Beaulieu apporte des embryons de réponse qu’il met tantôt dans la bouche de l’un, tantôt dans la bouche de l’autre. Je n’ai pas cette prétention. Comme le professeur, je me satisfais de me demander à quoi sert une rose. Le jour où la rose n’aura plus de valeur que par son utilité sera probablement aussi le jour où la rose perdra son attrait.
Alors voilà, Il est des roses de toutes les couleurs. Celle que je vous offre aujourd’hui est noire. Il est des roses de toutes les couleurs et le noir, précisément, n’est pas une couleur. Le noir est absence de couleur. Noire donc, la rose, pour l’absence.
Les mille voix d’enfants
— À quoi ça sert, une rose, m’sieu ? »
Ce bref dialogue a eu lieu il y a bien des années alors que je commençais mes études en littérature à l’université entre un étudiant et un professeur. Bien entendu, la réponse du professeur était une réponse byzantine, mais la question demeure; je devrais plutôt dire les questions demeurent.
Dans la description de ce blogue, je vous menaçais de vous faire subir des extraits de mes tentatives d’écriture. Eh bien, le temps est arrivé. Pour les plus peureux, il est encore temps de partir.
Pourquoi cet envoi est-il abordé par l’utilité de la poésie plutôt que seulement vous asséner mon texte? C’est à cause de mes récentes lectures et du commentaire de l’un ou l’une d’entre vous (Anonyme, c’est assez neutre) qui m’a recommandé la lecture d’un petit livre : La Cadillac blanche de Bernard Pivot de Alain Beaulieu. En fait l’anecdote, par laquelle j’ai commencé ce texte, m’est revenue en mémoire en lisant ce petit livre. L’auteur, met dans la bouche de Jean D’Ormesson un long discours sur l’utilité de la littérature. Il parle plus du roman que de la poésie; lorsqu’il est question de poésie, il passe la parole à Gaston Miron ou à Denis Vanier. Mais, comme l’étudiant de l’anecdote le faisait avec candeur, il pose la question de l’utilité de la littérature. Beaulieu apporte des embryons de réponse qu’il met tantôt dans la bouche de l’un, tantôt dans la bouche de l’autre. Je n’ai pas cette prétention. Comme le professeur, je me satisfais de me demander à quoi sert une rose. Le jour où la rose n’aura plus de valeur que par son utilité sera probablement aussi le jour où la rose perdra son attrait.
Alors voilà, Il est des roses de toutes les couleurs. Celle que je vous offre aujourd’hui est noire. Il est des roses de toutes les couleurs et le noir, précisément, n’est pas une couleur. Le noir est absence de couleur. Noire donc, la rose, pour l’absence.
Les mille voix d’enfants
De tous les horizons venant des quatre vents
L’air s’emplit du plain-chant de mille voix d’enfants
Étourdissantes dans le petit matin bruissant
Où s’écoutent le silence et leur lugubre chant
Immense chœur surhumain de mille voix d’enfants
Recouvrant terre brûlée vibrante de vie absente
Lamentation clémente d’un doux hurlement
Ravagé par des larmes explosives et tombantes
Voix égarées tumulte des vents radioactifs
Veulent hurler plus fort que les crépitements Geiger
Appeler d’autres qui seront restés captifs
Se faire entendre de la Chine jusqu’au Niger
Graves motets et lamentos sur basse continue
Hautes trilles allégées des sommets caverneux
Le chœur souffle sa peine sa souffrance contenue
Murmurant soupirant ses tristes chants furieux
Immense chœur surhumain de mille voix d’enfants
Cri de cœurs sourds au cœur de la désolation
Ce matin mille enfants pleurent les agonisants
7 bavardages:
Tout Solo,
Votre Rose noire de l'absence m'a bouleversée! Votre maîtrise de cet art qui combine les sonorités, les rythmes et les mots de la langue française pour évoquer des images et suggérer des sensations et des émotions, pour cet art donc qu'est la poésie, est ............!
J'ose en redemander!
Anonymae
Bonjour Anonymae,
Merci pour ton commentaire si rassurant, parce que, vois-tu, quand j'écris ainsi, je doute toujours. Ton appréciation m'incitera certainement à récidiver... plus tard.
Bonsoir Tout Solo,
Partagerais-tu l'opinion de ce amant de la poésie qui un jour a écrit: "Juste une petite précision toutefois concernant mes intentions. L'écriture d'un poème, quant à moi, ne se fait pas avec l'intention de toucher qui que ce soit autre que moi-même. C'est somme toute un geste assez solitaire et relativement narcissique qui me permet d'exprimer un sentiment, une émotion, mais aussi d'aller plus loin que je ne l'aurais fait autrement, les mots me conduisant souvent sur des routes inconnues ou à tout le moins inattendues".
Constantinople
Bonjour Constantinople,
Je partage pariellement l'opinion de cet amant de la poésie auquel tu fais référence et que je ne connais pas.
L'écriture du poème lui-même est un geste solitaire, comme pour toute écriture, bien sûr. Par contre quand j'écris, j'espère, même si je n'en suis jamais certain, que je parviendrai à toucher quelqu'un d'autre que moi; c'est là la limite du narcissisme de mon geste.
Non seulement je reconnais volontiers mais, mieux, j'espère que les mots me conduiront sur des routes inconnues ou à tout le moins inattendues. Et c'est lorsque cela se produit que, en règle générale, les voies nouvelles qui s'ouvrent à mon esprit et à mon imagination m'apparaissent les plus intéressantes et les plus porteuses.
Assurément touchant ce texte, Tout Solo. Il chante haut et fort, t'affirme et te souligne. Je suis franchement reconnaissante pour cette permission d'accès à une nouvelle parcelle de ton univers esthétique.
Merci, El_i. Tu es trop indulgente, mais ça fait du bien. Rebienvenue, il y avait longtemps que je ne t'avais pas vue.
Bonjour,
L'esprit a sans doute une histoire, mais il n'y a pas d'histoire de l'esprit.
Vous êtes invité à visiter mon blog (fermaton.over-blog.com), le code d'Einstein. C'est une théorie mathématique de la conscience humaine.
Cordialement
Clovis Simard
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